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Problématiques d'accès à l'information

L'ensemble des analyses réalisées nous ont permis d'identifier et de formaliser les problématiques linguistiques, interculturelles et interactionnelles en jeu dans l'accompagnement des MNA et qui nous semblent donc à prendre en compte pour optimiser l’accès à une information effectivement adaptée à ce public. C’est en tenant compte de l’ensemble de ces problématiques que le livret MIMNA a été conçu.

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Problématiques linguistiques

La langue principale de l’interaction (le français) est inégalement maîtrisée par les professionnels et les MNA. L’écrit (en français ou dans une autre langue) ne fait pas exception, compte tenu du faible bagage scolaire des MNA. Le recours à la traduction dans une autre langue dans laquelle on ne peut évaluer le degré de maîtrise du jeune, ne permet pas de s’assurer de l’accès au sens effectif de l’information.

Problématiques interculturelles

La compétence de certains jeunes en français peut donner l’illusion de compréhension. Pourtant, malgré cette compétence, les interactions peuvent être marquées par des ruptures interculturelles [1], du fait que les professionnels et les MNA ne partagent pas les mêmes univers de significations et les mêmes formes d’expressions de ces significations. Ces ruptures culturelles ne sont pas seulement en lien avec le pays d’origine des individus, mais plus largement avec l’ensemble de leurs appartenances socio-culturelles (nation, région, ethnie, religion, genre, génération, groupe social, organisationnel, occupationnel…). Ces appartenances diverses génèrent des prédiscours [2] (savoirs, croyances, pratiques, connaissances sur le monde) qui agissent comme des filtres pour l’interprétation et la production du sens et peuvent faire obstacle à la communication.

Problématiques interactionnelles

Le sens n’est pas préexistant, donné à l’avance[3], mais se coconstruit dans et par l’interaction, par des actions de coopération, d’ajustement, de médiation pour assurer l’intercompréhension[4]. En tenant compte des ruptures interculturelles et des prédiscours en présence, l’enjeu de transmission d’une information adaptée repose donc sur l’élaboration de stratégies de médiation qui permettent au MNA d’activer du sens, de s’approprier l’information et de construire des connaissances qui sont signifiantes pour lui. Le professionnel doit donc être en mesure de se décentrer de ses propres références culturelles, linguistiques et sémantiques pour anticiper et réguler les incompréhensions et les malentendus.

[1] Marandon, G. (2003). Au-delà de l'empathie, cultiver la confiance: clés pour la rencontre interculturelle. Revista CIDOB d'afers internacionals, 259-282.
[2] Paveau, M. A. (2006). Les prédiscours : sens, mémoire, cognition. Presses Sorbonne Nouvelle.
[3] « L’énoncé a donc le sens ou plutôt les sens que les participants à l’interaction lui prêtent, en fonction de leurs compétences différentes et de nature diverse: “Un énoncé n’a pas de sens-en-soi.” » (C. Kerbrat-Orecchioni, 1986: 309)
[4] « Le sens des énoncés n’est pas, en conversation spontanée, donné, fixé une fois pour toutes, [..] les interlocuteurs discutent, révisent, négocient l’interprétation accordée ou à accorder au discours. […] l’activité conversationnelle ne doit pas être vue comme l’alternance de la parole entre interlocuteurs tantôt actifs (lorsqu’ils sont locuteurs), tantôt passifs (lorsqu’ils sont auditeurs), mais plutôt comme une activité interactionnelle qui demande la coopération simultanée des participants, qu’ils soient locuteurs ou auditeurs. La conversation se caractérise donc par la succession d’actions de co-construction du sens. » (Laforest & Vincent, 1999).

Publié le 18 octobre 2019

Mis à jour le 25 janvier 2024