Aller au contenu principal

Analyse des supports informationnels existants

Pour mieux définir ce que recouvre « l’information adaptée », nous avons cherché à renseigner les pratiques informationnelles existantes, non seulement en France, mais au niveau européen. 38 supports européens à destination des MNA/réfugiés ont été analysés linguistiquement et sémiotiquement.

Analyse des supports informationnels existants à destination des MNA

L’analyse des supports informationnels existants au niveau européen, dont quelques exemples sont représentés sur la carte, nous a permis de mettre à jour des tendances de conception assez récurrentes quant aux logiques d’accessibilité.

analyse_supports_existants_v2.png

Logiques d'accessibilité : 3 utopies

3 utopies fondent les logiques d’accessibilité à destination des MNA/réfugiés – et plus largement des publics éloignés de l’information –, que nous pourrions résumer de la façon suivante (Estève, Coron & Gaultier, à paraître, 2019) :

1. L’utopie de la transparence de l’écrit

Toute information donnée par écrit serait accessible. L’écrit, en tant que trace, permettrait de contourner les problématiques d’incompréhension à l’oral dans la langue du pays d’accueil dont les compétences sont inégalement partagées.

2. L’utopie de la traduction

La traduction serait automatiquement garante de l’accès au sens : toute information traduite serait accessible. La traduction, permettrait de contourner les problématiques d’incompréhension dans la langue du pays d’accueil, en transposant l’information dans une langue “davantage maîtrisée”[1].

3. L’utopie de l’universalité du visuel

Toute information illustrée permettrait l’accès direct au sens. Le dessin (et plus largement le visuel : pictogrammes, photos, etc.) serait une ressource universelle qui permettrait de dépasser les barrières de communication liées aux langues.

Cet extrait du guide de l'OIM à destination des Mineurs Non Accompagnés est assez symptomatique de ces utopies et du manque de prise en compte des problématiques d'accès à l'information des MNA.

utopies.png

[1] En effet, les MNA proviennent souvent de pays plurilingues. Si ces langues font partie de leurs répertoires langagiers, ils maîtrisent ces langues à des degrés divers et dans des domaines différents de la vie quotidienne. Le bilinguisme est ainsi très souvent fonctionnel. La langue choisie pour la traduction ne correspond pas toujours à la langue première du jeune, et n’est donc pas nécessairement celle qu’il maîtrise le plus. En outre, quand bien même dans certaines situations d’interprétation, la langue est bien la langue première du jeune, le vocabulaire administratif, médical, social, etc. utilisé par le professionnel (et traduit par l’interprète) n’est pas nécessairement connu du jeune. En effet, la compétence développée dans une langue correspond aux besoins quotidiens de communication qu’on en a (Grosjean, 1984)

Publié le 7 octobre 2019

Mis à jour le 25 janvier 2024